Panne Facebook: ce qu’elle révèle de notre rapport au digital

15 octobre 2021

Preuve que le ‘too big too fail’ (trop gros pour faillir, NDLR) ne marche pas en informatique» (M. Bonis), mardi 4 octobre dernier, entre 18 heures et minuit, Facebook, Messenger, Instagram et Whatsapp ont disparu de la surface du Web.  

Une absence expliquée par le vice-président de l’ingénierie et de l’infrastructure de Facebook Santosh Janardhan dans un communiqué en ces termes, « Nos équipes d’ingénieurs ont découvert que des changements de configuration sur les routeurs de dorsale qui coordonnent le trafic réseau entre nos centres de données ont provoqué l’interruption de cette communication ».

Facebook : un colosse aux pieds d’argile

Ce constat démontre la fragilité de l’écosystème Facebook. En effet, en consolidant des applications disparates sur une seule et même infrastructure dorsale, l’entreprise s’expose à un risque de concentration, produisant un effet cascadesur la façon dont les centres de données communiquent. Ainsi, à l’image d’un domino, si le premier d’une série tombe, il entraîne la chute de tous les autres.

Cela explique les plaintes et moqueries dont a fait l’objet géant du numérique, cherchant par cette démarche à gagner en efficacité opérationnelle. Ce dernier a ainsi été accusé de privilégier le profit avant l’humain.

Etant donné que le système Facebook est également utilisé pour se connecter à de nombreuses autres applications et services, cette panne a impacté d’autres plateformes. Cela a engendré des phénomènes inattendus tels que l’impossibilité pour les personnes de se connecter à des sites de E-commerce ou de se connecter à leurs téléviseurs intelligents, thermostats et autres appareils connectés à Internet.

Une panne aux effets domino

De ce fait, de nombreuses entreprises, notamment les sociétés de grande taille possèdant des milliards d’utilisateurs, ont perdu des montants colossaux. Ainsi Mark Donnely, fondateur d’ HUH Clothing, marque de mode utilisant Facebook et Instagram pour atteindre les clients, a-t-il déploré une perte de milliers de ventes.

Beaucoup de personnes se sont retrouvées démunies suite à cette panne qui a empêché la communication de 3,5 milliards de personne à travers le monde. Au-delà de couper la discussion avec nos proches, elle a empêché de diffuser des messages politiques, mais aussi développer son activité professionnelle grâce à la publicité et à la sensibilisation pour les entreprises.

Les conséquences parfois gravissimes de cette panne intempestive « met en évidence le niveau stupéfiant de précarité qui structure notre économie du travail de plus en plus médiatisée par le numérique. », exprime Brooke Erin Duffy , professeur de communication à l’Université Cornell.

Ce breakdown a fait monter en flèche une pratique quelque peu délaissée, à savoir l’envoi d’SMS.

Pour certains, une pause salutaire

Comme l’imprimerie, l’avènement d’internet et des réseaux sociaux est une révolution. Les internautes ne se positionnent plus comme simples spectateurs mais comme acteurs de l’actualité. Aujourd’hui, les protestations se cristallisent sur les réseaux, donnant naissance à des mouvements militants comme #MeToo ou #BlackLiveMatters. De fait, les mécanismes politiques ont bien changé.

Ce changement de nos habitudes présente des avantages, mais aussi des inconvénients bien connus, liés notamment à la confidentialité.

Toujours est-il que suite à la panne Facebook du 4 octobre, certaines personnes ont déclaré avoir apprécié cette pause des médias sociaux et ont envisagé de supprimer les applications après la panne, estimant qu’elles étaient plus productives… De quoi remettre en question notre rapport au numérique, et s’interroger, pourquoi pas, sur les avantages du Print.

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